13/05/2015

Polysémie de l’image : bourde ou stratégie ?


Lors de la période pré-électorale d’avril 2015 au Togo, une sensibilisation pour une élection non violente fut réalisée. Examinons ensemble un des composants de cette campagne.

Le panneau d’affichage situé au rond point du commissariat central de Lomé aurait sans doute interpellé les plus avisés.

L’affiche présente en image : une mer bleue et calme dans laquelle on peut observer le reste d’un ouvrage portuaire. Un pavé rédactionnel « nous sommes pour la non violence » est posé sur un ciel bleu.

Il s’agit du wharf allemand sur la côte togolaise. C’est l’actuelle rive de Lomé en face de l’hôtel Palm Beach.
Ici, si La mer très calme est synonyme de non violence ou d’accalmie, le reste du quai dans l’océan peut être sujet à plusieurs interprétations. D’ailleurs, le calme précède la tempête et le tsunami. Cette non violence ne saurait être celle de Martin Luther King ni de Gandhi. Ce serait alors l’ironie « qui veut la paix prépare la guerre ».

Déjà, à la première lecture de l’image apparait le caractère violent de la mer. Le wharf décimé par la violente agitation de la mer à cet endroit de la côte est remarquable. Même si l’on peut attribuer une part à une supposée mauvaise conception de l’ouvrage.

Ce vestige de l’époque coloniale allemande fut un outil d’exploitation des colonies et donc du Togo. Sauf aux nostalgiques de la présence allemande au Togo, cette image passe mal. La colonisation du Togo a connu, comme partout ailleurs sur le continent africain, une résistance. A moins que l’idée derrière est donc de ne pas s’opposer mais plutôt de rester passif et d’assister au pillage des ressources nationales par une minorité.

Tout simplement, « nous sommes pour la non violence » peut signifier qu’on n’aimerait pas se retrouver dans la situation du wharf dans une atmosphère en apparence calme qui ne favorise pas la prospérité du Togo. Une mer non violente tout de même  qui ruine le projet d'exploitation des ressources minières !

Exercice de haute voltige, phrase longue avec plusieurs verbes conjugués, image trop polysémique, on ne peut que déconseiller une telle image à une telle accroche.
 
Bof, Le calme avant la tempête ou le tsunami, la période de contestation post électorale est déjà ouverte comme d'habitude.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire